Des bonnes moeurs en fumée

En plus de regarder des films Bollywood au cinéma, je peux aussi aller voir les gros blockbusters hollywoodiens, dont Looper que vous Français ne pourrez regarder qu’à partir du 31 octobre. Et une fois passée la difficulté de m’habituer (de me ré-habituer) à l’accent américain (je vis avec une British et passe mes journées avec des Indiens), j’ai passé un plutôt bon moment. Mon but ici n’est cependant pas de faire une critique du film, mais de pointer du doigt une contradiction indienne qui est apparue très clairement durant la projection de ce film américain (vous allez comprendre très vite).

Le film est, pour faire simple, un mélange de deux genres : science fiction présente à travers les voyages dans le temps et film d’action dont les protagonistes sont majoritairement des tueurs qui roulent dans des belles voitures, enchaînent les soirées de débauches et grillent allègrement des cigarettes. Allègrement ? Non, car il semblerait qu’une loi indienne fasse la chasse aux industriels du tabac, et ce jusque dans les films… Puisque la moindre trace de fumée nicotinée qui apparait sur un coin de grand écran est sous-titrée « Smoking cigarette is injurious to health«  (Fumer des cigarettes est dangereux pour la santé). Quand la dite cigarette est fumée après 12 shoot d’héroïne et autant de LSD sans que cela ne paraisse assez « injurious to health » pour être signalé, on saisit vaguement une certaine ironie. Par ailleurs, il semble que la majorité des nombres de morts de ce film soient causés par cartouches de flingue, et non par cartouches de cigarettes. Remarque, c’est plutôt bien pour l’Indienne assise à côté de moi qui n’a pas fumé depuis une semaine et essaye de continuer sur sa lancée.

Tout de même, calmons-nous et ne crions point trop vite à l’hérésie. Car nous la France, malgré le fait que nous soyons par miracle détenteurs à environ 3,70% du Prix Nobel de la Paix 2012 (1pays/27 = 3,70%)(ceci n’a strictement rien à voir avec rien, mais on m’a dit qu’un bon blog s’ajustait à l’actualité), avons également pratiqué ce genre de censure poussée à l’extrême. Mais oui, rappelez vous de l’affaire Jacques Tati vs. RATP. Ça se passe dans les métros parisiens, alors qu’une campagne d’affichage pour une exposition lui étant consacrée met Jacques Tati en scène sur un vélo, une pipe au bec. Une pipe ? Pas exactement, puisque la RATP, protectrice des bonnes moeurs, s’est donné le devoir de remplacer la pipe par un moulin jaune.

Avant – Après, l’art d’user Photoshop pour autre chose que faire perdre 20Kg à des actrices.

Les fumeurs, Inde, France, même combat contre le ridicule ? (je ne suis pas spécialement « fumeurs-friendly », mais là pour le coup, faut pas pousser mémé dans les orties…)

PS : Bruce Willis est encore sacrément bien conservé pour son âge et, ma foi, il se débrouille pas mal. Mention spéciale à Joseph Gordon-Levitt, un peu trop maquillé-trafiqué-retouché pour être aussi sexy que d’habitude, mais qui vaut tout de même le détour. Mais si, vous le connaissez, c’est lui là :

Joseph Gordon-Levitt (avec une cigarette aux lèvres ? Serait-ce de la provocation?)

(pour plus de Joseph Gordon-Levitt, c’est ici que ça se passe, coquin(e)s!)

Mettre les pieds dans 2 des 5 BRICS en moins de 12H

Il s’agit de commencer cet article par un rappel, afin qu’on ne m’accuse pas d’être élitiste. Puis de prendre un ton pédant et détaché, sans doute parce que je le suis quand même.

Que sont les BRICS ?

Acronyme de Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (South Africa), le terme BRICS désigne ces pays qui ont pour point commun de n’être plus tout à fait pauvres/émergents (choisissez votre degré de politiquement correct), quoiqu’assez loin du modèle occidental. Taux de croissance supérieurs à 5%, voire à 10%, superficies, populations et/ou richesses naturelles phénoménales, il n’est que normal que c’est pays (re)gagnent leur place de puissance majeure. Si ni leur(s) niveau(x) de développement, ni leurs modèles sociaux/politiques ne sont comparables avec ceux des pays de l’hémisphère Nord ; il est intéressant de se demander s’ils proposent pour autant un modèle alternatif viable ou s’ils prennent la voie d’une uniformisation dans la mondialisation. Si l’on peut parler des BRICS comme d’un bloc parce qu’ils posent tous cinq ces questions, il me semble* que les réponses que l’on puise en chacun sont différentes.

Voilà, maintenant que c’est clair comme de l’eau de roche de brique de brics (en fait je laisse tomber mon nullissime jeu de mot, l’eau des BRICS n’est sûrement pas la plus claire du monde), on peut enfin revenir au centre d’intérêt principal de ce blog, à savoir ma vie (bah oui, quand même).

Ma vie et celle des autres futurs New Delhites

Il était une fois, à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, quatre filles, un garçon et leurs proches (lesquels, contrairement à ce que suggère ma tournure de phrase, n’étaient pas hermaphrodites) qui essayaient plus ou moins de garder leur contenance en se faisant des adieux déchirants. Les formalités de douanes passées avec un succès relatif (le nom du garçon, à moins que ce ne soient ses yeux embués, faillit déplaire à la sécurité, pour des raisons assez obscures), les vaillants compatriotes embarquèrent pour ce qu’ils appelaient par anticipation « la plus belle année de leur vie ». Quelques champignons radioactifs, un morceau de camembert présidentiel, et un survol des datchas** russes plus tard, leur avion se posait sans encombres à Moscow.

Là, leurs points de repères se mirent à vaciller. Les heures n’étaient plus les bonnes, le temps s’écoulait lentement ; seule leur faim les rappelait à la réalité. Les sons avaient changé aussi, et la délicieuse mélodie sortant sans aucune parcimonie de la bouche des gens qui les entourait allait les accompagner durant tout leur trajet. Et puis, il eut été trop facile de se reposer sur le confort de la modernité, les écritures et les prix ne pouvaient donc rien signifier non plus.

Un Burger King, version Moscow airport

Un Burger King, version Moscow airport

Mais enfin, ils survécurent. Leur groupe parvient même à s’agrandir des deux énergumènes qui réussirent à les retrouver sans même avoir fixé un rendez-vous précis. Il ne doit pas y avoir tant de voyageurs que ça en transit  Moscou-Delhi…

Ici c’est Aeroflot

ça sent bon l'URSS

ça sent bon l’URSS

Enfin, c’est le moment où l’on monte (après le passage obligé devant des agents de sécurité dont le but est visiblement de rappeler à tous ce qu’était l’URSS) dans ce que nos amis les moins bienveillants ont parfois surnommé un « cercueil volant », à savoir un avion apprêté par Aeroflot. Moscou-Delhi ; un drôle de mix. Des blonds à la peau pâle et des bruns moustachus à la peau mâte (non je ne tombe pas dans les clichés). Et puis des grappes d’Européens au milieu parce qu’ils sont un peu partout ceux-là, surtout en juillet.

Quelques cocas servis par les merveilleuses Tatiana et Olga, un film très très niais (vous trouverez peut-être ça dans culture et confiture à l’occasion), 150 pages du Routard, 8 tentatives infortunées pour trouver le sommeil et un certain nombre d’annonces en « ranglais » (nouveau mot pour désigner le son que produit un Russe qui tente de parler la langue de Shakespeare) plus tard, il fait nuit. Les lumières de Delhi apparaissent sous notre carlingue pendant que la vidéo de l’atterrissage est retransmise en direct sur les écrans vidéos disponibles sur chaque siège.

L’avion se pose. Applaudissement. Ça y est, on l’a fait. Désormais, Mai Dilli me hu (je suis à Delhi).

J’attends qu’il m’arrive des choses plus intéressantes que « patienter 3h sous un ventilateur dans un hall d’hôtel » pour vous parler vraiment de Bharat (l’Inde).

* Je me permets d’ailleurs de rappeler que ce blog n’a pas vocation à servir de cours de relations internationales mais à refléter l’expression de mon opinion à un moment donné. Si celle ci vous indigne, il y a une application pour ça.

** Chère voisine d’avion de ce moment-là, fais partager ta russologie et corrige moi si je fais une fôte d’ôrtôgrafe.