Mettre les pieds dans 2 des 5 BRICS en moins de 12H

Il s’agit de commencer cet article par un rappel, afin qu’on ne m’accuse pas d’être élitiste. Puis de prendre un ton pédant et détaché, sans doute parce que je le suis quand même.

Que sont les BRICS ?

Acronyme de Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (South Africa), le terme BRICS désigne ces pays qui ont pour point commun de n’être plus tout à fait pauvres/émergents (choisissez votre degré de politiquement correct), quoiqu’assez loin du modèle occidental. Taux de croissance supérieurs à 5%, voire à 10%, superficies, populations et/ou richesses naturelles phénoménales, il n’est que normal que c’est pays (re)gagnent leur place de puissance majeure. Si ni leur(s) niveau(x) de développement, ni leurs modèles sociaux/politiques ne sont comparables avec ceux des pays de l’hémisphère Nord ; il est intéressant de se demander s’ils proposent pour autant un modèle alternatif viable ou s’ils prennent la voie d’une uniformisation dans la mondialisation. Si l’on peut parler des BRICS comme d’un bloc parce qu’ils posent tous cinq ces questions, il me semble* que les réponses que l’on puise en chacun sont différentes.

Voilà, maintenant que c’est clair comme de l’eau de roche de brique de brics (en fait je laisse tomber mon nullissime jeu de mot, l’eau des BRICS n’est sûrement pas la plus claire du monde), on peut enfin revenir au centre d’intérêt principal de ce blog, à savoir ma vie (bah oui, quand même).

Ma vie et celle des autres futurs New Delhites

Il était une fois, à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, quatre filles, un garçon et leurs proches (lesquels, contrairement à ce que suggère ma tournure de phrase, n’étaient pas hermaphrodites) qui essayaient plus ou moins de garder leur contenance en se faisant des adieux déchirants. Les formalités de douanes passées avec un succès relatif (le nom du garçon, à moins que ce ne soient ses yeux embués, faillit déplaire à la sécurité, pour des raisons assez obscures), les vaillants compatriotes embarquèrent pour ce qu’ils appelaient par anticipation « la plus belle année de leur vie ». Quelques champignons radioactifs, un morceau de camembert présidentiel, et un survol des datchas** russes plus tard, leur avion se posait sans encombres à Moscow.

Là, leurs points de repères se mirent à vaciller. Les heures n’étaient plus les bonnes, le temps s’écoulait lentement ; seule leur faim les rappelait à la réalité. Les sons avaient changé aussi, et la délicieuse mélodie sortant sans aucune parcimonie de la bouche des gens qui les entourait allait les accompagner durant tout leur trajet. Et puis, il eut été trop facile de se reposer sur le confort de la modernité, les écritures et les prix ne pouvaient donc rien signifier non plus.

Un Burger King, version Moscow airport

Un Burger King, version Moscow airport

Mais enfin, ils survécurent. Leur groupe parvient même à s’agrandir des deux énergumènes qui réussirent à les retrouver sans même avoir fixé un rendez-vous précis. Il ne doit pas y avoir tant de voyageurs que ça en transit  Moscou-Delhi…

Ici c’est Aeroflot

ça sent bon l'URSS

ça sent bon l’URSS

Enfin, c’est le moment où l’on monte (après le passage obligé devant des agents de sécurité dont le but est visiblement de rappeler à tous ce qu’était l’URSS) dans ce que nos amis les moins bienveillants ont parfois surnommé un « cercueil volant », à savoir un avion apprêté par Aeroflot. Moscou-Delhi ; un drôle de mix. Des blonds à la peau pâle et des bruns moustachus à la peau mâte (non je ne tombe pas dans les clichés). Et puis des grappes d’Européens au milieu parce qu’ils sont un peu partout ceux-là, surtout en juillet.

Quelques cocas servis par les merveilleuses Tatiana et Olga, un film très très niais (vous trouverez peut-être ça dans culture et confiture à l’occasion), 150 pages du Routard, 8 tentatives infortunées pour trouver le sommeil et un certain nombre d’annonces en « ranglais » (nouveau mot pour désigner le son que produit un Russe qui tente de parler la langue de Shakespeare) plus tard, il fait nuit. Les lumières de Delhi apparaissent sous notre carlingue pendant que la vidéo de l’atterrissage est retransmise en direct sur les écrans vidéos disponibles sur chaque siège.

L’avion se pose. Applaudissement. Ça y est, on l’a fait. Désormais, Mai Dilli me hu (je suis à Delhi).

J’attends qu’il m’arrive des choses plus intéressantes que « patienter 3h sous un ventilateur dans un hall d’hôtel » pour vous parler vraiment de Bharat (l’Inde).

* Je me permets d’ailleurs de rappeler que ce blog n’a pas vocation à servir de cours de relations internationales mais à refléter l’expression de mon opinion à un moment donné. Si celle ci vous indigne, il y a une application pour ça.

** Chère voisine d’avion de ce moment-là, fais partager ta russologie et corrige moi si je fais une fôte d’ôrtôgrafe.